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les partiels se passent de mieux en mieux au fil des ans
des orientations réorientations
désorienté.es
après 18 semestres à la fac
tous réussis sauf le premier
est-ce que je joue encore avec les mêmes règles que les autres
est-ce que je ne triche pas
parce que c’est devenu trop facile pour moi
trop facile de réussir
d’être major de promo
quand on a autant pris l’habitude
quand on le fait surtout pour les papiers
qu’on le dit à peine maintenant du bout des lèvres quand on réussit ah oui au fait j’ai encore 16 de moyenne qu’est-ce que ça change putain.
surtout que ça ne change rien
je suis toujours aussi précaire
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Depuis que la préfecture. ses files d’attente. ses titres de séjour sont venus creuser le trou que le ver avait commencé. je suis gruyère de doutes.
Il s’immisce partout. Dans la vérification obsessionnelle des plaques chauffantes opérée au moment-même où le sommeil me gagne enfin. Dans l’idée persistante que je mourrais jeune d’un cancer fulgurant né des substances que j’ingère sans cesse pour faire taire le doute. Dans la certitude d’être profondément creuse et que s’il m’avait fallu advenir quelque part ce serait déjà arrivé. Après tout le club des 27 est là pour prouver la précocité du génie.
Vagues doutes revenant comme une ritournelle. Suffisamment ennuyeux pour gâcher toutes les expériences. Les teinter d’un voile d’échec. L’école a appelé mes parents à la dernière minute pour leur dire qu’on m’admettait au concours d’entrée à l’école française. On les a peut-être appelés si tard parce qu’on m’avait mis sur liste d’attente à l’origine. Peut-être que depuis le début je n’avais pas ma place. Je n’étais pas good enough. Que ça pavait déjà la route de l’absence de prépa, d’ENS, d’EHESS. Syndrome de l’imposteur. Sous ma carapace de diplômes trognon sanguinolent de mensonge.